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Aider son enfant à s’orienter : ces petites phrases qui découragent (et comment les transformer)

  • Photo du rédacteur: Justine Macé
    Justine Macé
  • 18 juil.
  • 4 min de lecture
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Quand on essaie d’aider un ado à trouver sa voie, on veut bien faire. On veut qu’il réussisse, qu’il soit heureux, qu’il ait un avenir sûr, stable, prometteur. Mais parfois, dans le feu de l’action, la fatigue, l’inquiétude ou juste l’envie d’aller droit au but…  On dit une phrase de trop. Ou mal tournée. Ou juste mal reçue.

Et cette phrase, même pleine de bonnes intentions, peut faire l’effet d’une claque :

❌ “Tu vas pas vivre de ça…”  ❌ “T’as pas le niveau pour ça…”  ❌ “Il faut te décider une bonne fois pour toutes…”

Ce ne sont pas des phrases méchantes. Ce sont des phrases pratiques, rapides, pleines de “réalisme”. Mais pour un adolescent en construction, elles peuvent devenir des murs : des murs qui bloquent le dialogue, la confiance en soi, l’envie de partager.

Alors si on veut vraiment accompagner un ado dans son orientation, commençons par changer notre langage. Parce que parfois, ce qu’on dit peut faire toute la différence dans ce qu’il ou elle va oser penser, rêver, envisager. À l’adolescence, les mots pèsent plus lourd qu’on ne le pense


Avant de parler de phrases à transformer, prenons un instant pour se rappeler où en est un ado dans sa tête.

  • Il ou elle est en pleine construction identitaire.

  • Il cherche des repères, teste des limites, explore ce qu’il aime (ou pas).

  • Il doute de lui, de son avenir, de ce que les autres pensent de lui.

  • Il a envie d’indépendance, mais a encore besoin d’être rassuré.

💥 Autrement dit : c’est un cocktail émotionnel assez intense, où la moindre remarque peut être surinterprétée. Ce qui, pour nous, n’est “qu’un conseil”, peut devenir pour lui une remise en question de sa valeur ou de ses rêves.

Alors soyons attentifs à ce que nos mots peuvent faire naître : de la peur ou de l’envie, du repli ou de l’ouverture, du doute ou de la motivation.


Phrase 1 : “Tu vas pas vivre de ça…”

Traduction dans la tête de l’ado :

“Mon projet est nul.”  “Ce que j’aime ne vaut rien.”  “Je suis déconnecté de la réalité.”

Cette phrase part souvent d’une bonne intention : protéger son enfant d’un projet perçu comme “non rentable”, “trop risqué”, “illusoire”. Mais ce qu’il entend, c’est que sa passion ou son envie n’est pas légitime. Et là, il peut se refermer.

À la place, on peut dire :

“Et si on explorait ensemble les débouchés possibles ?”

👉 Pourquoi ça change tout ? Parce que cette phrase :

  • montre qu’on ne rejette pas l’idée,

  • propose d’enquêter ensemble,

  • donne du crédit à son envie tout en l’ancrant dans le réel.

💡 Ça ne veut pas dire qu’on valide tout sans réfléchir. Mais on choisit d’ouvrir une discussion plutôt que de poser un jugement définitif.


Phrase 2 : “T’as pas le niveau pour ça…”

Traduction :

“Je ne crois pas en toi.”  “Tu n’es pas assez bon.”  “Abandonne tout de suite.”

Là encore, cette phrase peut partir d’un réflexe de “réalisme”, d’anticipation (“pas la peine de rêver pour être déçu après”). Mais ce qu’on oublie, c’est que le niveau se travaille, se construit, se prépare. Et que dans le doute, un ado a surtout besoin de soutien et de perspective.

À la place, on peut dire :

“De quoi aurais-tu besoin pour t’y préparer ?”

👉 Pourquoi c’est puissant ? Parce qu’on ne dit pas “tu ne peux pas”, on dit “réfléchissons à comment tu pourrais”. Et ça, c’est tout l’inverse du renoncement.

💪 On passe de l’obstacle à la stratégie, de l’impossible à l’engagement. Et parfois, en posant cette question, l’ado réalise lui-même qu’il a envie de se donner les moyens.



Phrase 3 : “Tu dois te décider une bonne fois pour toutes.”


Traduction :

“Il faut que je choisisse maintenant, sinon c’est trop tard.” 

“Je ne peux pas me tromper.” “

Si je change d’avis, j’aurai raté.”

Ce genre de pression — même subtile — peut créer un blocage énorme. Et pourtant, l’orientation n’est pas une case à cocher une fois pour toutes. C’est une construction progressive, un chemin qui se clarifie en marchant.

À la place, on peut dire :

“On peut avancer étape par étape. Tu n’as pas besoin de tout savoir maintenant.”

👉 Ce que ça apporte :

  • du souffle,

  • une autorisation à douter,

  • la permission d’explorer sans se sentir en échec.

Résultat : l’ado avance plus sereinement, avec l’idée qu’il a le droit d’affiner son projet en cours de route, et qu’on sera là pour l’accompagner.



Accompagner, c’est marcher à côté, pas devant

On le sait : être parent d’ado, c’est un sport d’équilibre. On veut guider, mais pas envahir. On veut encourager, mais pas pousser trop fort. On veut préparer l’avenir, sans oublier le présent.

Alors dans l’orientation, c’est pareil.  Notre rôle, ce n’est pas de savoir à leur place, mais de :

  • poser des questions ouvertes,

  • laisser la place au doute (et à l’humour aussi, parfois),

  • valoriser les essais, les erreurs, les surprises,

  • rappeler que leur chemin est unique… et qu’il n’a pas besoin de ressembler à celui du voisin.


En résumé


Les phrases qu’on dit un peu vite, un peu mécaniquement, peuvent avoir beaucoup d’impact. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’on peut les transformer.

En changeant une tournure, un mot, une posture, on passe d’une phrase qui ferme à une phrase qui ouvre. Et ça, c’est déjà un énorme cadeau à faire à son enfant.

Parce que l’orientation, ce n’est pas une injonction. C’est une aventure intérieure, un terrain d’exploration… et une magnifique opportunité de dialogue entre un parent et son ado.



3 commentaires


ac ab
ac ab
il y a 4 jours

Votre article met si bien en lumière la puissance des mots, surtout à l'adolescence, où une phrase malheureuse peut ériger des « murs » au lieu d'ouvrir des portes pour la construction identitaire. C'est une période où la découverte de soi est primordiale, et toute entrave au dialogue ou à la confiance en soi peut freiner cette exploration essentielle de leurs passions et de leurs aspirations. Au-delà de l'ajustement de notre langage, offrir aux jeunes des outils pour mieux se connaître peut également jouer un rôle clé dans leur parcours d'orientation. Pour ceux qui cherchent à explorer leurs propres forces et préférences, réaliser un test de personnalité Big Five peut être un excellent point de départ pour une réflexion approfondie.

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ac ab
ac ab
26 nov.

Votre article met si bien en lumière comment certaines phrases, même bien intentionnées, peuvent ériger des murs pour les adolescents en pleine construction identitaire. C'est une période où la quête de soi est déjà si complexe, et où le besoin de validation et de compréhension est primordial. Dans cette même veine de découverte de soi et d'exploration des multiples facettes de son identité, un aspect souvent délicat mais crucial pour certains adolescents est la compréhension de leur propre orientation sexuelle. Pour les jeunes qui se posent des questions à ce sujet, des outils d'auto-exploration, comme un quiz pour mieux cerner son orientation gay, peuvent offrir un espace de réflexion et de découverte personnelle.

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ac ab
ac ab
24 nov.

Votre point sur les phrases qui deviennent des « murs » pour l'adolescent en pleine construction identitaire résonne profondément. Il est vrai que l'intention est souvent bonne, mais l'impact peut bloquer toute exploration et confiance en soi, surtout quand ils sont déjà submergés par le doute et la pression de trouver leur place. Au-delà de l'importance de notre langage, comment pouvons-nous concrètement les aider à démarrer cette réflexion sur leurs propres aspirations, à identifier leurs forces et à envisager des pistes qu'ils n'auraient pas explorées seuls ? Pour accompagner cette démarche d'introspection et ouvrir le dialogue, un quiz d'orientation professionnelle peut être un excellent point de départ, offrant une structure ludique pour explorer les options sans pression.

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©2020 par Justine Macé.

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